De Oban à Inverness
- Julia
- 2 mars 2018
- 7 min de lecture
Penrith - Oban :
La fin de mon séjour approche. Il me reste encore deux mois pour découvrir pleinement l'Ecosse. Pour ce mois de février, je remonte quelques jours sur mon vélo pour rejoindre une nouvelle réserve qui se trouve cette fois-ci au fin fond du Nord Est de l'Ecosse. À la suite de cela je souhaite arpenter les iles du Nord pendant une vingtaine de jour avant de reprendre le ferrie. Les jours seront surement plus clément et l'idée de faire cette partie en tente me chatouille l'esprit. Je partage mon idée à Spike, lui expliquant sans grande conviction que ma chère et tendre môman pourrait m'envoyer quelques affaires dont ma tente par la poste. Je sais que cela à un coût et je ne suis pas sur de vouloir mettre de l'argent là-dedans pour une si courte utilisation. Puis il fini par me dire, "I've a tent if you want. A very good mountain tent. I'm not sure if it will be good to cycle with. Maybe it's too heavy but I can show you and you will see !" (J'ai une tente si tu veux. Une très bonne tente de montagne. Je ne suis pas sûr qu'elle sera bien pour faire du vélo. Peut-être qu'elle est trop lourde mais je peux te la montrer et tu verras !). En effet, elle fait quelques grammes de plus que celle que je possède à Grenoble mais elle se place parfaitement entre mes deux sacoches. La dernière étape que j'ai prévu de faire en Ecosse est l'Ile de Mull. Par hasard, c'est exactement là où Spike a prévu de passer quelques vacances avec sa famille à la mi-mars ! J'avais initialement prévu de quitter l'île plus tôt mais pourquoi rater l'occasion de lui rendre sa tente et de le revoir ?
J'ai renvoyé par la poste quelques affaires et souvenirs. Je gagne plus en espace qu'en poids mais c'est mieux que rien. Mon duvet rentre désormais dans une de mes sacoches. J'effectue une dernière vérification de toutes les vis et enjambe mon cadre pour rejoindre le centre de Penrith. Là-bas, je dois prendre le train de 15h32 pour aller à Oban. Je pars assez tôt pour avoir le temps de faire quelques courses et profiter du magasin Go Outdoor pour acheter le matériel dont j'ai besoin pour mon retour. A vrai dire, j'ai pas réellement besoin de ce que j'ai acheté mais cela m'apportera un peu plus de confort. Je suis ressorti avec un drap de soie pour gagner un peu de chaleur pour mes nuits en tente ; une nouvelle popote dont la technologie m'a bluffée et qui me permettra de remplacer ma Quechua qui me prend une place énorme dans mon sac ; Un petit thermos pour profiter d'un peu de thé et enfin une gourde de plus car mon camelbag m'a lâché.
Il est plus de 21h quand j'arrive à la gare. Le vent souffle terriblement et me crache une pluie froide et violente à la figure. L'auberge de jeunesse où je passe la nuit n'est qu'à 1 km mais c'est un calvaire pour s'y rendre. J'arrive trempée avec une sacrée difficulté à ouvrir la porte d'entrée. Arrivée au chaud, je fais la connaissance de la personne qui est avec moi dans le dortoir pour femmes. Je lui parle de mon aventure et lesyeux écarquillé, elle me sort un "Oh my goodness !!!" (Oh mon dieu !!!).
Oban - Glencoe :
Ce matin la météo semble s'être apaisée. Je fais un peu plus la connaissance de ma voisine de lit. En préparant mes affaires je tombe sur ma vielle popote. Je m'étais dit que je l'offrirais à une personne de mon choix pour m'en débarrasser. Je lui demande si ça l'intéresse. Elle me refait ses grand yeux et me demande pour combien. Je répond "No just for free! (Non, c'est gratuit !). Elle semble complétement dérouté par ma proposition et me dit : "Are you sure ? That's very expensive, No ??" (Es-tu sure ? C'est vraiment cher non ?). À vrai dire j'ai aucune idée du prix que cela m'a coûté mais vu ça tête, je suis ravie de lui faire ce petit cadeau qui, en plus de cela, me fait gagner un espace considérable. Je me dit aussi, qu'elle se rappellera peut-être toute sa vie de cette rencontre un peu folle et ça me fait sourire !
Hormis la première section qui se fait sur une route un peu occupée, cette étape pour Glencoe est grandiose. Je passe à côté de lacs immenses et suit la piste cyclable 78. Le temps est plus que tout avec moi et je n'en reviens pas d'avoir autant de chance. À mi-chemin, quelques brebis me barrent la route. Malgré mon allure des plus lente pour ne pas les effrayer, elles accourent sur la pente positive qui borde la piste. La dernière à traverser est sans doute un peu plus âgée. Elle saute par dessus la petite digue mais perd tout doucement son équilibre. Elle roule et débaroule jusque dans l'eau, les quatre sabots en l'air. Elle ne bouge plus. Je pause mon vélo et m'approche tranquillement. Je suis pas vraiment rassurée. Elle a des cornes et je craint qu'elle ne s'agite lorsque je m'approche. Je pose mes deux main sur son épais pelage. Elle est trempée et reste immobile comme figée par ma présence. Je la tourne, je la pousse sur le flanc. J'essaie en vain de la remettre dans une position qui lui permettra de poser ses pattes à terre et de repartir. Elle se laisse faire comme si elle jouait à la poupée chiffe molle et ne réagi pas pour se remettre sur pieds. Je fini par me dire que m'a présence l'effraie trop pour bouger. Je m'éloigne et commence à reprendre mon vélo tout en observant la scène. Elle s'agite apeurée, ne souhaitant que décamper au plus vite. Elle réussi à se mettre sur deux puis 4 pattes. À chacun de ses pas, je l'imaginais, retomber, rouler et revenir au point de départ mais rien de cela n'est arrivé. Elle s'en ai sorti !
Glencoe :
La première fois que j'ai entendu parlé de ce village c'est à Edimbourg. C'est Cintzia, une italienne qui s'installe tout juste en Ecosse qui m'a suggéré d'y aller. Elle partageait ma chambre dans l'auberge de jeunesse. Glencoe est entouré de hauts sommets ce qui me rappelle un peu chez moi, dans les Alpes. J'y reste 3 nuits. L'auberge est toute petite et l'ambiance est similaire à celle des refuges de montagne. Tout le monde se retrouve autour du feu du salon pour parler d’ascension, de crampon et d'aventure. Je fais aussi la rencontre de 4 belges. Deux jeunes filles de Louvain et un couple faisant leurs études à Liège, ma ville d'étudiante :) ! C'était un plaisir de pouvoir échanger en français pendant quelques jours.
Il n'a pas fait très beau pendant ces deux jours mais j'ai pu profiter d'aller me promener dans la Lost Valley. Rien que le nom donne envie. C'est une vallée chargée d'histoire puisque c'est ici qu'a eu lieu un massacre ordonné par Guillaume III d'Angleterre. le 13 février 1692, 38 personnes du Clan Mac Donald se sont faites tuées pour avoir tardé à lui prêter allégeance. Lors de cette randonnée, j'ai eu la chance d'observer des cerfs de très près (ce qui n'est pas difficile en Ecosse) et j'ai à nouveau fait une rencontre incroyable avec un rouge-gorge affamé. Il a comme provoqué la rencontre. Il attendait le moment où une personne passerait ici pour peut-être lui offrir de quoi manger. Il a surgit de derrière un rocher. Je me suis arrêtée pour le regarder. Et il est resté là. J'ai pris le temps de prendre des photos et il attendait patiemment que je sorte quelque chose de mon sac. J'avais faim moi aussi. Lorsque j'ai sorti un paquet de noix de cajou de mon sac, j'ai vu son regard suivre mes mains. Rhhaa arrête de me regarder comme ça, j'ai pensé, je vais finir par craquer et te donner quelque chose qui est surement mauvais pour ton petit organisme fragile. Mon désir de le voir béquer un petit bout de noix de cajou a été plus fort que moi ... Dans le genre faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais, voilà un bon exemple. Ne donnez jamais votre pique-nique à un oiseau surtout si vous n'êtes pas sur de ce qu'il est capable de digérer. Même s'il vous fait les yeux doux comme pour moi. Bon si vous voulez tout savoir, à priori ce rouge-gorge ne mourra pas du quart de noix de cajou que je lui ai donné car c'est un oiseau qui mange un peu de tout en hiver et qui va de lui même picorer sur les tas de compost mais ce n'est pas une raison !!!
Glen coe - Fort-Augustus - Inverness :
Après ces quelques jours à Glencoe, j'ai repris la route pour rejoindre Fort-Augustus. J'ai la possibilité de prendre le train à Fort-William, à 15 km si le temps n'est pas au rendez-vous mais je vais finir par croire qu'un soleil s'est faufilé dans mes sacoches car ce matin, le temps est redevenu radieux. Je traverse Fort-William et sa célèbre montagne Ben Navis, le point culminant de tout le Royaume-Uni, puis je longe les rives du Loch Lochy. Hier, j'ai reçu un appel de l'auberge où je loge ce soir. Ils font des travaux et il me sera impossible d'utiliser la cuisine. Pour compenser cela, ils proposent un dîner et petit déjeuner pour seulement 10£. J'ai accepté l'offre sachant que je n'avais de toute façon pas prévu de préparer mon repas. Arrivée à l'auberge, je fais la rencontre des autres clients. Je me rends vite compte qu'il y a juste moi et un groupe d'une dizaine d'étudiant avec deux formateurs. Ces élèves sont en séjour ici pour une semaine. Ils font parti d'une école qui les forment aux sports de montagnes et d'eau vives. Je partage mon repas à la même table qu'eux et l'un de leur formateur m'incite à partager mon expérience afin que les élèves puissent me poser des questions. A la suite du repas, j'ai été invité à boire 2 bières dans un pub et j'ai récolté une carte de visite en poche au cas où je souhaiterais organiser des séjours randonnée sur l’île de Skye et revenir partager mon expérience dans leur école. C'était une soirée inattendu :) !
Le lendenmain, je partage à nouveau mon petit déjeuner avec toute l'équipe. C'est ma dernière journée de vélo pour rejoindre Inverness. Je sais pas ce que j'ai fait quand j'ai tracé mon itinéraire mais j'ai pas choisi la bonne route. Je me suis retrouvée toute la journée à suivre une route occupée où les voitures roulent à toutes vitesses. C'est à peine si j'ai apprécié le Loch Ness que j'ai longé toute la journée. J'ai quand même fait la rencontre d'un couple montpellierains sur ma route qui faisait le tour des distilleries avec une bande d'amis. Ils ont aussi dans l'idée de voyager en vélo et nous avons pas mal échanger sur mon voyage. C'était bon d'entendre un peu l'accent du sud !
